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L'enseignement secondaire souffre d'un joli paradoxe. Alors que l'étude des XVIIIe et XIXe siècles y est passée sous silence, c'est pourtant ici qu'on nous y apprend l'art de la masturbation intellectuelle à base de commentaires de texte extraits de Dumas et Balzac. Ceux qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) se taper de l'antiphrase métaphorique à la mord-moi-le-noeud n'ont qu'à se rabattre sur CAP coiffure.
Un grand gâchis, puisqu'au lieu d'être prétextes à une discrimination sociale qui ne dit pas son nom, les cours de lettre devraient être l'occasion d'étudier des bouquins comme Economix, ô combien plus universels. En effet, Economix se prétend être une histoire complète de l'économie en bande dessinée, un genre de "Pour les Nuls" illustré. Et elle y parvient!
L'économie a ça de chiant qu'on en parle tout le temps sans jamais la comprendre. En général, quand on s'intéresse au sujet, on ne pousse jamais la réflexion plus loin que de savoir combien rapportera le livret A cette année. Il y aussi ceux qui croient gagner du temps en expliquant que l'économie, c'est juste une machination de francs-maçons/juifs/reptiliens/soviétiques/américains. Heureux soient les fêlés...
Moi aussi, des termes comme le mercantilisme, le libre-échange, la pensée de Smith ou de Ricardo, ça me disait que trop rien. J'ai qu'un bac S, je fais avec ce que j'ai. Pourtant, après l'avoir lu, Economix vulgarise tellement bien que je ne ressens même pas le besoin de lire ses références pour en apprendre plus!
En 2-3 pages maximum, Economix récapitule avec humour un concept, un personnage, une évolution importante, un bouquin de référence, pour un total de quelques 150 pages. Le tout se lit assez facilement, même si quelques passages méritent d'être relus plusieurs fois pour mieux les assimiler. Le ton rigolard devient de plus en plus critique, à mesure que l'on s'approche de la machine à Portnawak qu'est devenue l'économie des 10-20 dernières années. Quelques révélations feront grincer les dents, notamment quand la BD révèle des phrases d'Adam Smith passées aux oubliettes de l'histoire, car trop acerbes envers une certaine forme de capitalisme qui l'érige aujourd'hui comme modèle.